Le CO2 équivalent : comprendre l'importance de l'unité de mesure des GES
Tout comprendre sur le CO2 équivalent, l'unité de mesure des gaz à effet de serre.
La crise climatique est l’enjeu le plus urgent auquel l'humanité est confrontée aujourd'hui. Pour comprendre et atténuer son impact, les entreprises doivent mesurer avec précision les émissions de gaz à effet de serre (GES) qu’elles génèrent, directement ou indirectement. L’unité de mesure retenue sur le plan scientifique, notamment afin de rassembler tous les types d’émissions sous le même terme, est le CO2équivalent (CO2eq). Regardons ici ce que signifie le CO2eq, pourquoi sa mesure est fondamentale, et comment il aide les industries, notamment le secteur du bâtiment, à mieux appréhender les GES pour les diminuer.
Qu’est-ce que le CO2 équivalent ?
Le CO2 équivalent, abrégé enCO2eq, est l’unité de mesure couramment utilisée dans le domaine de la climatologie et de la gestion des émissions de GES. Elle est privilégiée en premier lieu par le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat). Notez que l’on parle aussi de tonne équivalent CO2, ce qui revient au même.
Cette unité permet de normaliser les différents GES en fonction de leur potentiel de réchauffement planétaire (PRP). Pourquoi est-ce important ? Eh bien, il existe de nombreux GES différents en fonction des industries, de ce qu’elles produisent et émettent, et chacun de ces gaz a des conséquences distinctes sur le changement climatique.
Ainsi, pour simplifier le calcul, sans toutefois trahir la réalité de l’impact, il est nécessaire de les rassembler sous un seul et même indicateur, autrement dit le résultat en émissions globales de CO2.
Celles-ci sont par exemple rassemblées dans la notion de stabilisation des concentrations de GES ou des concentrations en équivalent CO2. Il s'agit de l'état dans lequel la concentration atmosphérique d'un GES, comme le dioxyde de carbone (CO2), est exprimée en équivalent CO2. Cela permet de rendre les données plus comparables et de suivre les tendances climatiques plus facilement.
Le principe de scénario d’atténuation
Un scénario d'atténuation est une représentation plausible de la réponse future aux risques sur le climat. Ce sont les politiques et de mesures visant à réduire les émissions de GES en équivalent de CO2. Ces scénarios sont essentiels pour évaluer les effets des actions entreprises pour lutter contre le changement climatique.
« Il faut, pour contenir le réchauffement à 1,5 °C, parvenir à des émissions nettes de CO, égales à zéro aux environs de 2050 et, dans le même temps, réduire fortement les émissions des facteurs de forçage autres que le CO, en particulier le méthane ». Rapport du GIEC, 2019
Les Gaz à Effet de Serre (GES)
Le principe des GES
Avant de détailler plus précisément les caractéristiques du CO2eq, il faut en amont comprendre le rôle des GES dans le changement climatique.
Ainsi, les GES, notamment le CO2,le méthane (CH4) et le protoxyde d'azote (N2O), agissent comme une couverture thermique autour de la Terre. Ils capturent la chaleur du soleil et la retiennent, ce qui élève la température globale de la planète, phénomène connu sous le nom d'effet de serre :
· Le dioxyde de carbone (CO2) est le GES le plus abondant et le plus connu. Indispensable au fonctionnement de l’atmosphère, sa trop grande abondance est au contraire un facteur de montée de la température. Cette surémission de CO2 - +50 % depuis l’ère industrielle - est consécutive des activités humaines, à commencer par la combustion des énergies fossiles à 80 % (comme le charbon, le pétrole et le gaz naturel), les véhicules thermiques, les activités industrielles, la déforestation, etc.
· Le méthane (CH4) arrive en 2eposition, avec 18% d’équivalent CO2. Il provient pour moitié de conséquences naturelles (marais, volcans, fermentations…) et pour 50 % des activités humaines (élevage, extraction de combustibles fossiles, pétrole et gaz).
· Le protoxyde d'azote (N2O) est un GES émis à partir de processus naturels que sont la décomposition de la matière organique dans les sols et les océans, ainsi que par des activités humaines :l'utilisation d'engrais chimiques, les combustibles fossiles, les activités industrielles, mais aussi le défrichage par le feu ...
· L’hexafluorure de soufre (SF6) provient principalement de la production et du transport d’électricité, de la fabrication de composants électroniques ou de la fabrication de magnésium.
· Le trifluorure d’azote (NF3) est issu de la fabrication de semi-conducteurs et d’écrans (de tablette, ordinateur, smartphone, télévision…)
Les origines des GES
Les principales sources d'émissions de GES proviennent de divers secteurs, notamment l'industrie, le transport, l'agriculture et le bâtiment. Le secteur du bâtiment, en particulier, contribue grandement aux émissions de CO2 en raison de la consommation d'énergie nécessaire. Et cela, en amont pour la fabrication des matériaux, et en aval à l’usage, pour le chauffage, la climatisation et l'éclairage des bâtiments.
Pourquoi tout ramener sur une même unité ?
Pourquoi devons-nous normaliser la mesure des émissions de GES en utilisant le CO2eq ? La réponse réside dans la comparabilité des données par rapport au potentiel de réchauffement planétaire.
Comprendre les différences de potentiel de réchauffement planétaire
Le potentiel de réchauffement planétaire (PRP) ou potentiel de réchauffement climatique est une mesure qui compare l'effet de réchauffement d'un GES par rapport au CO2 sur une période donnée. L'une des raisons pour lesquelles le CO2 est utilisé comme référence dans les calculs d'émissions de GES est sa persistance dans l'atmosphère. Ainsi, contrairement au CH4 et au N2O, qui se décomposent plus rapidement, le CO2 peut rester dans l'atmosphère pendant des siècles, voire des millénaires. Cela signifie que les émissions passées continuent d'affecter le climat à long terme.
Chaque GES a par conséquent un PRP (potentiel de réchauffement planétaire) différent, c'est-à-dire sa capacité à retenir la chaleur par rapport au CO2 sur une période donnée. Le CH4, par exemple, a un PRP beaucoup plus élevé que le CO2 sur une période de vingt ans, bien que son PRP diminue avec le temps.
Tableau des gaz à effet de serre - potentiel de réchauffement planétaire PRP
Source
Si bien que normaliser toutes les émissions sur un même indicateur, soit en CO2eq, permet de mieux évaluer l'impact total des GES sur le climat.
Comment calculer les émissions carbone d’une activité ?
Pour atteindre la neutralité carbone, il est nécessaire de calculer en amont puis en continu les émissions de tonnes d’équivalent CO2 de son activité :
1. Déterminez dans un premier temps les sources d'émissions directes et indirectes que vous devez inclure.
2. Rassemblez toutes les informations pertinentes sur la consommation d'énergie, les déplacements, les matières premières, les déchets, etc. Pour cela, vous aurez besoin de données quantitatives, à commencer par les quantités de carburant utilisées, la consommation d'électricité, les kilomètres parcourus, etc.
3. Utilisez des facteurs d'émissions appropriés pour convertir vos données en émissions de CO2 équivalent. Ces facteurs d'émissions dépendent de la source et du type d'activité. Vous pouvez trouver ces facteurs dans les bases de données gouvernementales, ou encore dans vos rapports sectoriels.
4. Pour chaque source d'émissions que vous avez identifiée, multipliez les données parles facteurs d'émissions correspondants pour obtenir les émissions de GES. Par exemple, si vous avez consommé 10 000 litres de carburant avec un facteur d'émission de 2,3 kg de CO2 par litre, vous avez émis 23 000 kg (ou 23 tonnes)de CO2.
5. Additionnez les émissions calculées pour chaque source pour obtenir le total des émissions de GES de votre activité, entreprise, produit ou de vous-même.
Ces calculs vous permettront d’identifier les domaines où vous pouvez réduire votre empreinte carbone par des mesures d'atténuation, d'efficacité énergétique, ou en changeant vos pratiques.
Retenez que le calcul des émissions de GES est un processus continu, car il est important de suivre l'évolution de vos émissions au fil du temps et d'ajuster vos actions pour atteindre des objectifs de réduction. Par ailleurs, des solutions portées par l’ADEME et Bpifrance notamment vous accompagnent à travers un bilan GES pour simplifier le processus de calcul de vos émissions.
Le bâtiment en première ligne des GES
En France, le bâtiment concentre à lui seul 23% des émissions de GES et 43 % de la consommation d’énergie. Cela comprend tout le cycle de vie du bâtiment, de sa construction à son utilisation, jusqu’à, parfois, sa destruction.
Un exemple des émissions du BTP
Quand une entreprise du BTP construit un nouvel immeuble, elle doit d’abord se fournir en matériaux de construction : bois, acier, ciment, verre... Ces matériaux nécessitent en amont des procédés industriels qui émettent des gaz à effet de serre, principalement du dioxyde de carbone (CO2). Ces émissions sont par conséquent des émissions indirectes liées à la construction.
S’ajoute à cela le transport de ces matériaux vers le site de construction, en particulier si les matériaux sont transportés sur de longues distances avec des camions et/ou des navires fonctionnant avec des combustibles fossiles.
Par la suite, la construction proprement dite de l'immeuble nécessite l'utilisation d'équipements lourds : excavatrices, bulldozers, grues, etc., qui fonctionnent à l'essence ou au diesel, émettant ainsi des gaz à effet de serre directement dans l'atmosphère.
Après la construction, l'immeuble aura besoin d'électricité pour l'éclairage, le chauffage, la climatisation, etc. Les bâtiments neufs, beaucoup moins gourmands en énergie et répondant à des réglementations drastiques, permettent néanmoins de réduire les émissions à l’usage.
S’ajoutent à cela, lors de la construction, de nouvelles pratiques qui tendent à réduire aussi les émissions directes et indirectes de GES CO2eq. C’est le cas des matériaux de construction à faible empreinte carbone et de l’économie circulaire.
En partant du principe que les plus gros émetteurs sont aussi ceux qui doivent fournir les plus gros efforts, le focus se porte nécessairement sur le bâtiment. Pour autant, l’unité de mesure CO2eq montre bien qu’une baisse significative ne peut provenir que de tous les acteurs, économiques. Le bâtiment doit donc prendre la part qui lui revient pour baisser ses émissions, tout comme les autres secteurs d’activité.
Conclusion
Comprendre le concept de CO2eq est essentiel pour prendre des mesures significatives en faveur de la lutte contre le changement climatique. C’est ainsi que la normalisation des émissions de GES à l'aide de cette unité permet à tous les secteurs d’activité de mieux évaluer les conséquences concrètes de leurs actions.